THÈME
C :
DEVELOPPEMENT
DES
USAGES
DES
TECHNOLOGIES
DE
L'INFORMATION
DANS
LES
ENTREPRISES
: Nécessité
d'une
approche
sectorielle
L'usage
des
TIC
est
porteur
de
productivité
et
de
compétitivité.
Cette
création
de
valeur
n'est
cependant
pas
un
résultat
automatique
de
l'investissement
dans
les
TIC
; elle
trouve
sa
source
dans
la
réorganisation
des
processus
opérationnels
de
l'appareil
productif
permise
par
la
circulation
et
le
traitement
de
l'information
en
temps
réel
; cette
réorganisation
ne
concerne
pas
seulement
l'entreprise
elle-même
; elle
englobe
l'ensemble
des
relations
et
des
échanges
que
l'entreprise
entretient
avec
ses
partenaires.
L'analyse
des
pratiques
innovantes,
parmi
lesquelles
celles
d'acteurs
français,
qui
font
encore
figure
d'exceptions,
permettent
d'identifier
de
nombreux
champs
d'applications
pour
une
création
de
valeur
:
relations
en
temps
réel
et
personnalisées
avec
les
fournisseurs
et
les
clients
dans
le
processus
de
vente
et
de
production,
conception
coopérative
des
nouveaux
produits
dans
le
processus
de
développement,
répercussion
immédiate
des
informations
de
marché
sur
les
fournisseurs
et
la
gestion
des
stocks
dans
les
processus
de
distribution,
pilotage
en
temps
réel
de
flottes
de
véhicules
dans
les
processus
logistiques
sont
des
exemples
de
ces
nouvelles
pratiques
associées
à
l'usage
des
TIC.
De
telles
pratiques
associent
des
réseaux
humains,
en
permanente
interaction
grâce
aux
TIC,
selon
des
schémas
originaux.
Elles
résultent
de
réflexions
et
d'actions
concertées
au
sein
de
l'entreprise,
en
liaison
avec
ses
principaux
partenaires
économiques.
Qu'il
s'agisse
de
la
transformation
de
secteurs
traditionnels
ou
de
la
création
de
nouveaux
marchés,
les
dirigeants
doivent,
pour
tirer
parti
de
ces
nouvelles
opportunités,
se
doter
d'une
vision
stratégique
partagée
avec
des
partenaires
du
secteur
ou
ils
opèrent,
En
effet,
les
innovations
issues
de
l'usage
des
TIC
mettent
le
plus
souvent
en
jeu
les
relations
inter-entreprises,
dans
un
renouvellement
parfois
radical
du
modèle
d'activité
sectoriel
("
Business
Model
")
qui,
pour
être
efficace,
doit
être
mis
en
uvre
de
manière
collective.
Une
concertation
des
acteurs
est
indispensable
pour
créer
de
la
valeur
autour
des
nouveaux
usages.
Cette
concertation
ne
se
réduit
pas
à
des
échanges
institutionnels
: elle
implique
un
véritable
travail
de
définition,
d'explicitation,
d'appropriation
d'une
nouvelle
manière
de
"travailler
ensemble
"
à
l'aide
de
nouveaux
outils.
C'est
à
ce
niveau
que
la
mutation
culturelle
vers
la
"
société
de
l'intelligence
"
s'opère.
En
outre,
elle
est
essentielle
pour
les
processus
de
normalisation
des
échanges
de
données
et
de
leur
archivage
ou
d'identification
des
chemins
critiques
qui
doivent
accompagner
cette
appropriation.
Si
de
tels
concepts
sont
très
généralement
partagés
par
les
grandes
entreprises
quel
que
soit
le
secteur,
leur
mise
en
uvre
se
heurte
cependant
aux
difficultés
de
faire
émerger,
parmi
les
acteurs
d'un
secteur
d'activité,
la
notion
d'intérêts
partagés
ou
d'identifier
des
leaders
naturels
pouvant
jouer
un
effet
d'entraînement
vis-à-vis
de
la
profession.
Ces
difficultés
sont
accrues
pour
les
industries
de
taille
moyenne
et
plus
encore
pour
les
petites
structures.
C'est
aussi
pour
celles-ci
que
les
bénéfices
des
TIC
en
terme
de
productivité
et
de
compétitivité
sont
les
moins
immédiats.
Beaucoup
a été
tenté
sans
grand
succès,
la
France
accusant
un
retard
dans
l'appropriation
des
TIC
par
les
PME
Si
le
lien
entre
investissements
en
TICS
et
contribution
à
la
croissance
est
vérifié
au
niveau
macroéconomique
c'est
autant
une
démonstration
par
défaut
qu'il
convient
de
mettre
en
avant
au
niveau
des
PME.
Il
en
va
de
leur
survie.
Leur
capacité
à
se
développer
et
à
commercer
au-delà
de
leur
sphère
immédiate
en
résulte.
Leur
faculté
à
exporter
y est
directement
conditionnée.
Leur
relation
avec
les
donneurs
d'ordre,
la
capacité
à
répondre
à
des
appels
d'offre
techniques
ou
de
prix
(enchères
inversées)
en
dépend
dans
la
mesure
où
le
document
électronique
et
sa
date
d'émission
font
désormais
foi
(contrat
sous
forme
électronique
- loi
pour
la
confiance
dans
l'économie
numérique
(LCEN),
art.
25
et
27).
Ce
dernier
aspect
souligne
un
élément
de
blocage
ou
de
suspicion
particulièrement
des
PME
vis-à-vis
des
TIC
lequel
concerne
la
maîtrise
voire
la
disponibilité
d'outils
de
certification,
d'archivage
et
de
tiers
de
confiance
reconnus
et
normalisés.
De
plus,
l'amélioration
attendue
de
la
productivité
et
de
la
compétitivité
des
PME,
par
la
simplification
et
l'accélération
qu'apportent
les
TIC
dans
leurs
échanges
avec
les
donneurs
d'ordre
repose
autant
sur
l'implication
de
ces
derniers
que
sur
celles
des
PME.
En
liaison
avec
notamment
le
SYNTEC
Informatique
et
le
Club
Informatique
des
grandes
entreprises
françaises
(CIGREF),
il
a uvré
à
l'initialisation
d'une
démarche
de
ce
type,
notamment
dans
le
secteur
des
services
(grande
distribution,
services
financiers,
transport
de
fret
et
logistique,
),
l'État
jouant
un
rôle
de
catalyseur
d'une
démarche
partagée
entre
les
acteurs
des
secteurs
d'activité
concernés,
ceux
ci
devant
bien
entendu
définir
eux-mêmes
le
nouveau
"
Business
Model
"
issu
d'une
utilisation
plus
intensive
des
TIC.
L'initiative
Boost-Industrie,
engagée
dans
le
cadre
de
l'Association
française
des
utilisateurs
du
Net
(AFNET)
dans
le
secteur
de
l'aéronautique,
constitue
une
démarche
concrète
qui
correspond
au
même
concept.
Complétée
par
le
projet
e-PME,
elle
a vocation
à
s'étendre
progressivement
à
d'autres
filières
"
industrielles
"
(nucléaire,
ferroviaire,
naval,
etc.).
Elle
peut
apporter
un
cadre
méthodologique
global
pour
le
développement
d'une
approche
similaire
dans
d'autres
secteurs
d'activité.
Enfin
le
Mouvement
des
entreprises
de
France
(MEDEF)
a initié
un
groupe
de
travail
sur
l'utilisation
des
TIC
par
les
PME,
qui
semble
retenir
des
orientations
dans
le
même
sens.
PROPOSITIONS
Il
est
proposé
de
conforter
et
d'amplifier
ces
initiatives
tout
en
leur
donnant
une
cohérence
d'ensemble.
Elles
devraient
prendre
la
forme
de
structures
de
réflexion
sectorielles,
associant
des
praticiens
de
l'entreprise,
des
associations
professionnelles,
des
experts
techniques
et
de
l'intelligence
économique.
Ces
structures,
coopératives,
permettraient
en
particulier
le
partage
d'une
vision
sur
l'innovation
attendue
des
TIC,
l'expression
des
impacts
des
politiques
publiques
à
cet
égard,
puis
le
pilotage
et
l'assistance,
opérationnels
à
la
mise
en
uvre.
À
la
lumière
des
expériences
récentes,
il
apparaît
en
effet
que
le
soutien
utile
aux
entreprises
porte
à
la
fois
sur
la
dimension
technologique
et
la
dimension
managériale
:
-
Au
plan
technologique,
la
promotion
de
standards,
internationaux
en
principe,
s'impose,
au
travers
de
solutions
opérationnelles
Ceci
vaut
en
particulier
pour
les
entreprises
de
rang
2 (logique
industrielle),
et
de
façon
générale
pour
les
PME.
Mais
il
est
nécessaire
d'appréhender
la
maturité
du
secteur
à
cet
égard,
et
les
difficultés
qui
peuvent
résulter
de
l'application
de
normes
sectorielles
pour
les
acteurs
intervenant
simultanément
dans
plusieurs
filières
;
-
Au
plan
managérial,
un
accompagnement
est
nécessaire,
en
particulier
auprès
des
PME.
Il
s'agit
de
faire
en
sorte
que
la
mise
en
uvre
technique
soit
soutenue
par
une
aide
à
l'évolution
des
compétences
et
des
métiers,
y compris
dans
la
révision
des
modes
de
coopération.
L'importance
de
cet
accompagnement,
est
à
évaluer.
Il
est
a priori
dépendant
de
la
tradition
professionnelle
vis-à-vis
des
nouvelles
technologies.